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Analyse du poème « La Belle Dame Sans Merci » de John Keats

Andrew s’intéresse à tous les aspects de la poésie et écrit beaucoup sur le sujet. Ses poèmes sont publiés en ligne et sur papier.

John Keats et Un résumé de La Belle Dame sans Merci

La Belle Dame sans Merci se présente sous la forme d’une ballade folk et relate l’histoire d’un homme (un chevalier) et d’une belle femme (l’enfant d’une fée), dans ce qui est une curieuse romance allégorique.

Beaucoup pensent que John Keats a eu l’idée du titre d’un poème médiéval français écrit par un certain Alain Chartier (en vieux français merci signifiait miséricorde, pas merci comme c’est le cas aujourd’hui) et qu’il aurait également pu s’inspirer de l’histoire écossaise antérieure de Thomas le Rimeur, qui est enlevé par la belle Reine d’Elfinland sur un cheval blanc.

Il existe de solides arguments pour qu’une version ultérieure de cette histoire présente un intérêt particulier. Le Ménestrel de la frontière écossaise de Sir Walter Scott contenait la ballade originale de Thomas, écrite en vers rimés, et Keats aurait bien pu la rencontrer.

La Reine des fées d’Edmund Spenser a également été citée comme une influence possible. Publié en 1590, il a un personnage appelé Florimell, une dame, ‘Juste Florimell, aimé de beaucoup de chevaliers.’

D’autres événements de sa vie pourraient bien avoir contribué à l’idée d’une romance énigmatique et légèrement troublante sous forme poétique telle qu’une ballade.

Par exemple, son frère Tom était mort à l’hiver 1818, de la tuberculose (qui allait être revendiquée par Keats lui-même en 1821) et pendant cette maladie, des lettres cruelles et trompeuses d’amis filous prétendant provenir d’une Française Amena, amoureuse de Tom, arrivèrent, avec le frère de Keats sur son lit de mort.

Et Keats aussi avait sa propre relation angoissée avec Fanny Brawne à affronter. Il était follement amoureux d’elle mais n’avait pas les ressources ni la bonne santé pour s’engager pleinement. Ses lettres à elle sont douloureuses et passionnées, et il savait qu’il ne pourrait jamais réaliser son rêve désespérément romantique.

Il ne fait aucun doute qu’il avait du mal à s’exprimer lorsqu’il était en compagnie de femmes.

« Quand je suis parmi les femmes, j’ai de mauvaises pensées, de la méchanceté, de la rate – Je ne peux ni parler ni me taire – Je suis pleine de soupçons et donc n’écoute rien – Je suis pressée de partir…Je dois absolument m’en remettre – mais comment?’

Lettre à Benjamin Bailey 1818

  • Ainsi, La Belle Dame sans Merci est peut-être le résultat d’un conflit émotionnel fusionnant avec l’artisanat poétique. Keats a créé le poème en utilisant son imagination d’où sont sorties la beauté et la vérité, contenues dans un drame onirique et inquiétant.
  • De plus, le poème emmène le lecteur dans un monde surnaturel, où l’expérience réelle ou imaginaire se transforme en conte de fées, où le contrôle conscient se perd au profit des pouvoirs de séduction d’une sensualité fugace.

La Belle Dame est-elle une sorte de femme fatale ? Une succube en quelque sorte? Elle semble avoir un moyen avec les hommes mortels qui est sûr. Et l’homme ? De quoi les occupants de son rêve l’avertissaient-ils ? Sa destruction imminente ?

Tout comme dans les première et deuxième strophes et cette question ‘O qu’est-ce qui peut t’arriver? », il n’y a pas de réponses définitives.

Le poème apparaît pour la première fois dans une lettre qu’il écrit à son frère George en avril 1819. Cette version est celle présentée ci-dessous, par opposition à la deuxième version, publiée plus tard dans L’Indicateur en 1820.

La Belle Dame sans Merci

Qu’est-ce que tu peux bien, chevalier d’armes,
Seul et palmé à flâner ?
Le carex s’est desséché du lac,
Et aucun oiseau ne chante.
Qu’est-ce que tu peux, chevalier d’armes,
Si hagard et si malheureux?
Le grenier de l’écureuil est plein,
Et la récolte est terminée.
Je vois un lys sur ton front,
Avec une angoisse humide et une rosée de fièvre,
Et sur tes joues une rose qui s’estompe
Se dessèche vite aussi.
J’ai rencontré une dame dans les hydromels,
Pleine de beauté — un enfant de fées,
Ses cheveux étaient longs, son pied était léger,
Et ses yeux étaient sauvages.
J’ai fait une guirlande pour sa tête,
Et des bracelets aussi, et une zone parfumée;
Elle me regarda comme elle aimait,
Et fit un doux gémissement
Je la plaçai sur mon destrier,
Et rien d’autre ne vit toute la journée,
Car elle se plierait, et chanterait
Une chanson de fée.
Elle m’a trouvé des racines de relish sucré,
Et de miel sauvage, et de rosée de manne,
Et bien sûr, dans un langage étrange, elle a dit –
‘Je t’aime vrai’.
Elle m’emmena à sa grotte de lutins,
Et là elle pleura et soupira pleine de douleur,
Et là je fermai ses yeux sauvages sauvages
Avec des baisers quatre.
Et là elle m’endormit,
Et là j’ai rêvé – Ah! malheur à betide!-
Le dernier rêve que j’ai jamais rêvé
Sur le flanc de la colline froide.
J’ai vu des rois et des princes pâles aussi,
Des guerriers pâles, la mort – pâles étaient-ils tous;
Ils ont crié ‘ ‘La Belle Dame sans Merci
Tu es en esclavage! »
J’ai vu leurs lèvres affamées dans la pénombre,
Avec un gapèd d’avertissement horrible,
Et je me suis réveillé et je me suis trouvé ici,
Sur le flanc de la colline froide.
Et c’est pour cela que je séjourne ici,
Seule et pâlement flâneuse,
Bien que le carex soit flétri du lac,
Et qu’aucun oiseau ne chante.

Analyse de La Belle Dame sans Merci

La Belle Dame sans Merci avec son récit mystérieux et son atmosphère éthérée, allie innocence et séduction sous une forme de ballade inhabituelle pour produire une histoire envoûtante.

Dans un sens, c’est un peu plus que l’homme rencontre la femme à la campagne, ils ont une aventure et l’homme finit largué, au bord d’un lac. Il ne sait pas s’il a été drogué ou non, mais il semble certainement qu’il ait été intime avec cette belle inconnue.

C’est au lecteur de remplir les détails.

C’est peut-être pour cela que le poème est si réussi dans sa représentation d’une relation qui est sortie de nulle part, a progressé dans une dimension différente et a eu un effet si profond sur le mâle, et probablement aussi sur la femelle.

Le lecteur reste accroché, avec un besoin d’en savoir plus, grâce au schéma métrique des strophes et aux circonstances bizarres dans lesquelles l’homme se trouve.

  • Et dans certaines sections du poème, il y a la suggestion d’une liaison sexuelle qui est peut-être inspirée de la drogue. Notamment, les strophes cinq et sept se distinguent, avec la mention de l’homme fabriquant des guirlandes et des bracelets et une ceinture parfumée (Zone) tandis que la femme faisait un doux gémissement. Et plus tard, elle trouve des racines douces, du miel sauvage et de la rosée de manne (la manne est la nourriture du ciel comme indiqué dans la Bible), très certainement la nourriture de l’amour.

L’autre question qui doit être posée est la suivante: Tout ce scénario a-t-il été imaginé par l’orateur? Est-ce une sorte de séquence de rêve basée sur les polarités du plaisir et de la douleur?

Analyse plus poussée Strophe par Strophe de La Belle Dame Sans Merci

La structure de ce poème est plus ou moins simple. Les douze strophes sont divisées :

  • 1 – 3 strophes… observations et questions répétées de stranger.
  • 4 – 6 strophes… le chevalier répond en répétant que j’ai rencontré, J’ai fait, J’ai mis.
  • 7 – 9 strophes. le chevalier progresse, répétant Qu’Elle a trouvé, Qu’Elle a pris Et Qu’Elle a bercé.
  • 10 – 12 strophes… le chevalier revient en répétant que j’ai vu, j’ai vu, je séjourne.

Strophe 1 – Un étranger rencontre un chevalier pâle au bord d’un lac. Il y a quelque chose qui ne va pas avec cet homme. L’herbe de carex est morte, les oiseaux sont calmes – est-ce une scène d’hiver ou une partie intégrante de l’atmosphère?

Strophe 2 – L’étranger répète son enquête. Ce chevalier a l’air misérable et malade. C’est la fin de l’automne, un temps plus froid approche.

Strophe 3 – Il y a une observation directe de l’étranger. Le lys et la rose sont tous deux des symboles de la mort (dans un sens pétrarchien). Le chevalier est-il si proche de rencontrer son Créateur?

Strophe 4 – Le chevalier répond. Il a rencontré une femme dans les prés (Hydromels), pas de femme ordinaire mais une beauté, une figure d’un autre monde.

Strophe 5 – Le chevalier lui fit l’amour dans la prairie. C’était consensuel.

Strophe 6 – Ensuite, il l’a mise sur son cheval et il a marché à ses côtés pendant qu’elle chantait ses chansons exotiques.

Strophe 7 – Elle savait exactement où chercher des aliments sucrés et célestes. Je les mangeais et elle m’aimait pour ça, même si je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait.

Strophe 8 – Elle m’a emmenée à son endroit spécial, au fond d’une grotte, où elle est devenue si émotive que j’ai dû la rassurer, tant ses yeux étaient sauvages. Je les ai embrassés 4 fois.

Strophe 9 – Elle m’a aussi calmé, tellement je me sentais endormie et j’ai fait un rêve. Il y avait des problèmes de préparation. C’était mon dernier rêve.

Strophe 10 – Dans le rêve, j’ai vu des rois pâles, des guerriers et des princes, proches de la mort. Ils m’avertissaient pour la belle femme.

Strophe 11 – Leurs bouches étaient béantes dans cette obscurité crépusculaire rêveuse. Puis je me suis réveillé sur un flanc de colline froid.

Strophe 12 – Et donc vous me trouvez ici au bord du lac. Je ne sais pas ce que je fais.

Le cycle est donc complet, mais le lecteur n’est pas le plus sage sur les intentions ou les motivations de la femme ou même de l’homme.

Était-elle une entité maléfique destinée à absorber les forces vitales du chevalier ? Une sorte de vampire venu dans le monde humain pour chercher la connaissance de la chair et du sang? Ou a-t-il profité de la femme en premier, après quoi elle voulait une sorte de vengeance?

Peut-être que leur rencontre fortuite était une combinaison de vœux pieux au nom du chevalier et d’opportunité saisie par la belle si surnaturelle femme.

Tout le poème suggère que la frontière entre la réalité et l’imagination est souvent floue. Nous nous abandonnons à des idéaux de beauté, puis en un rien c’est parti, ou nous traversons des expériences qui ne nous plaisent pas, qui nous laissent dépensés, évidés.

Comme dans une ballade lyrique folklorique typique, il y a plusieurs répétitions qui mettent l’accent sur certaines lignes et renforcent les sous-thèmes:

O qu’est-ce que tu peux, chevalier d’armes x2

Seul et vagabondage pâle x2

Le carex est / a flétri du lac / Et aucun oiseau ne chante.x2

Sur la colline froide / le flanc de la colline x2

Et là x4.

Quel est Le Mètre de La Belle Dame sans Merci ?

La Belle Dame sans Merci est une ballade de 12 strophes, chaque strophe étant un quatrain (quatre lignes), chaque quatrain ayant trois lignes de tétramètre iambique suivies d’une seule ligne de dimètre iambique.

  • Les deuxième et quatrième lignes sont en rimes complètes, donc le schéma de rimes est abcb. (mais notez la rime oblique woebegone / fait dans la deuxième strophe).

Mètre (mètre en anglais américain)

Cette ballade a un rythme iambique classique: da-DUM da-DUM da-DUM da-DUM avec l’accent mis sur la deuxième syllabe de chaque pied:

O que / peut tout /toi, chevalier / aux armes, (8 syllabes, 4 pieds = tétramètre iambique)

Seul / et pâle / ly loit/ ering?

Le carex s’est desséché du lac

Et aucun /les oiseaux chantent! (4 syllabes, 2 pieds = dimètre iambique)

Ce contraste tétramètre / dimètre est inhabituel pour la ballade folk typique, donc Keats a dû vouloir que le changement mette l’accent sur cette dernière ligne raccourcie dans chaque strophe.

La dernière ligne de chaque strophe crée donc une sorte de suspension. Le lecteur, habitué aux lignes tétramétriques plus longues, est alors confronté à quelques battements manquants, ce qui ajoute un sentiment de perte, ce qui suggère à son tour un mystère.

Dans les strophes 2, 3, 4, 9 et 11, la dernière ligne a un battement supplémentaire, un pied d’anapaest (da-da-DUM) étant employé:

  • Et le har/gilet est terminé (5 syllabes, 2 pieds = anapaest + iamb)
  • Et ses yeux / étaient sauvages
  • Du côté froid/ colline
  • Du côté froid/ colline

La strophe 3 comporte également 5 syllabes dans la dernière ligne, un pied de spondee (DA-DUM) et un anapaest suivant:

  • Fast with / ereth too. (5 syllables, 2 feet= spondee + anapaest)