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Frédéric-Guillaume (Brandebourg) (1620-1688; Règne 1640-1688)

Frédéric-Guillaume

Frédéric-Guillaume (1620-1688) fut électeur de Brandebourg de 1640 à 1688. Connu sous le nom de Grand Électeur, il a augmenté et intégré les possessions des Hohenzollern dans le nord de l’Allemagne et en Prusse.

Né à Berlin le févr. 16, 1620, Frédéric-Guillaume était le fils unique de l’électeur George-Guillaume et d’Elizabeth-Charlotte du Palatinat. Il a été élevé dans la foi réformée de la cour des Hohenzollern et, en 1634, il est allé à l’Université de Leyde, où il a consciencieusement, s’il n’était pas enthousiaste, assisté à des conférences et exploré plus joyeusement la vie commerciale vitale de la ville portuaire. Son expérience aux Pays-Bas lui a laissé une tolérance religieuse peu commune à son âge et une impression ferme de la base commerciale du pouvoir néerlandais. Il revint à Berlin en 1638 pour fuir une armée suédoise envahissante avec son père malade. George William meurt à Königsberg le. 1, 1640, et Frédéric-Guillaume lui succéda. Il était calme, trapu et robuste, avec un visage dominé par un nez aux proportions héroïques; au moyen âge, il devenait inhabituellement corpulent.

Le nouvel électeur de Brandebourg a également hérité des duchés de Prusse à l’est et de Cleve-Mark à la frontière néerlandaise. Ses possessions dispersées avaient des systèmes sociaux et politiques très différents, mais elles lui offraient potentiellement une grande influence dans les affaires allemandes. Au début, il dirigea sa politique vers un désengagement prudent de la diplomatie pro-autrichienne de son père, qui avait conduit à la guerre désastreuse avec la Suède. En même temps, il a constitué ses propres forces militaires pour protéger ses États exposés et lui donner un levier diplomatique. Dans ces buts, il réussit assez bien, et par le traité de Westphalie, mettant fin à la guerre de Trente Ans en 1648, il acquiert la Poméranie orientale de la Suède, les évêchés de Minden et d’Halberstadt, et la réversion de Magdebourg. À partir de cette époque, les possessions des Hohenzollern en Allemagne étaient les deuxièmes après celles de la dynastie impériale des Habsbourg. N’ayant pas réussi à établir sa revendication héréditaire sur le duché de Jülich-Berg, Frédéric-Guillaume se tourna après 1651 vers la réorganisation fiscale et administrative de ses États. Chaque province envoya des agents à Berlin pour assister au Conseil privé, l’organe central de gouvernement que l’électeur présidait personnellement.

Politiques intérieures et économiques

Comme la plupart des souverains absolutistes du siècle, Frédéric-Guillaume dut constamment lutter contre l’opposition de la caste aristocratique privilégiée, les nobles propriétaires qui défendaient leurs « libertés » et prérogatives spéciales à travers les domaines et les diètes des différentes provinces. Plutôt que de risquer la rébellion en éliminant les régimes, Frédéric-Guillaume se débarrassa de leur influence, négociant avec chaque régime pour obtenir le droit de percevoir des impôts, de nommer des fonctionnaires de son choix, de quarterles troupes et d’exercer une juridiction d’appel. Il profite des conflits entre les villes et la noblesse terrienne, affaiblit l’opposition et crée la base financière d’une grande armée permanente, qui devient à son tour l’instrument d’imposer des réformes aux institutions de l’État. L’organisation de cette armée était la pierre angulaire du pouvoir prussien. Bien que toujours une armée de mercenaires sur l’ancien modèle, elle a été lentement nationalisée de sorte qu’à la fin de son règne, le corps des officiers de Frédéric-Guillaume était en grande partie composé de ses propres sujets.

Impressionné par le succès économique des Hollandais marins, l’électeur tenta de construire une marine active. Il a affrété des navires hollandais pour corsaires dans la Baltique pendant une guerre avec la Suède de 1675 à 1679. En 1680, deux navires affrétés établirent une colonie de tête de pont sur la côte de l’Or, et sa Compagnie de commerce africaine rapporta de modestes bénéfices en échangeant des esclaves avec les Antilles. Dans cette entreprise et dans ses politiques économiques internes, il suivit les doctrines mercantilistes de l’époque. L’une de ses principales préoccupations était d’amener de nouveaux colons sur les terres et des artisans qualifiés dans les villes, offrant des exemptions fiscales et des subventions aux immigrants désirables. Près de 20 000 Huguenots français s’installèrent sur ses territoires après 1685, apportant d’importantes nouvelles compétences manufacturières et un raffinement culturel étranger à ces provinces frontalières.

Politique étrangère

La politique étrangère de Frédéric-Guillaume était régie par une acquisition territoriale sans vergogne. Lors de la Première Guerre du Nord entre la Suède et la Pologne, il s’allia d’abord en 1655 avec la Suède, puis changea de camp en 1657 pour rejoindre les Polonais. Par le traité d’Oliva en 1660, son duché de Prusse a été libéré de la souveraineté polonaise. En 1672 et de nouveau en 1674, il rejoint la coalition austro-néerlandaise contre la France et, en 1675, il se retourne contre la Suède, l’alliée du nord de la France. Bien qu’il ait capturé la Poméranie suédoise et son précieux port maritime de Stettin en 1677, le traité de Nimègue l’a rendu à la Suède en 1679. Frustré par ses alliés, il revint une fois de plus sur sa politique et s’allia à la France en 1679, assis tranquillement pendant que Louis XIV établissait la domination française en Rhénanie. Avec l’assaut turc sur Vienne en 1683, son amitié avec la France, qui soutenait tacitement les Turcs, se refroidit rapidement. Après l’expulsion des Huguenots calvinistes de France en 1685, il a de nouveau jeté son lot avec les Habsbourg autrichiens et les Pays-Bas dans la Ligue anti-française d’Augsbourg.

Pendant les dernières années de son règne, Frédéric-Guillaume était en proie à des rhumatismes douloureux ou à une arthrite compliquée d’asthme. Malgré sa maladie, il a gardé un horaire de travail strict, presque militaire. Ses goûts restaient simples et sa cour frugale. Il mourut à Potsdam le 9 mai 1688, laissant à ses successeurs un État à la place de la poignée de provinces dispersées dont il avait hérité.

Pour en savoir plus

Une excellente biographie de Frédéric-Guillaume en anglais est Ferdinand Schevill, Le Grand Électeur (1947). Pour le contexte historique, voir David Ogg, L’Europe au XVIIe siècle (1925; 6e rév. ed. 1952), et Cicely C. Wedgwood, La guerre de Trente Ans (1939). □