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Anticorps anti-Scl-70

Anticorps diagnostiques et pronostiques

Un certain nombre de tests d’anticorps peuvent être utiles dans les soins cliniques.

L’ADN topoisomérase I est une enzyme responsable de la relaxation de l’ADN enroulé. Les anticorps anti-topoisomérase I (également appelés anticorps anti-Scl-70) sont dirigés contre différents épitopes sur cette enzyme (Simon et al., 2009). Bien qu’ils soient considérés comme hautement spécifiques à la SSc, des études récentes ont démontré la présence de ces anticorps dans les sérums de patients sains rares ainsi que de patients atteints de lupus érythémateux disséminé (LED) (jusqu’à 25%) (Spencer-Green et al., 1997; Mahler et coll., 2010). Les anticorps anti-Scl-70 sont présents dans 30 à 40% des dcSSc (Spencer-Green et al., 1997; Derk et Jimenez, 2003) et < 5% des patients atteints de la maladie limitée (en utilisant des dosages très spécifiques). Les patients séropositifs ont un taux de mortalité plus élevé et courent un risque accru de développer des complications, notamment une fibrose pulmonaire et une atteinte cardiaque (Murata et al., 1998; Jacobsen et coll., 2001). Le niveau d’anticorps anti-Scl-70 est en corrélation avec l’activité de la maladie et le score cutané (Hu et al., 2003).

Les anticorps anticentromères (ACA) sont plus spécifiques de la lcSSc et sont trouvés chez jusqu’à 45-50% de ces patients (Castro et Jimenez, 2010), alors qu’ils peuvent être détectés chez ≤5% de la dcSSc (Steen et al., 1984). Il reconnaît différentes protéines centromères (p. ex., CENP-A, -B, -C) (Derk et Jimenez, 2003). Les fragments de CENP-C générés par le granzyme B, plutôt que la molécule de CENP-C intacte, ont généré des anticorps d’affinité plus élevée chez les patients présentant une perte numérique ischémique (Schachna et al., 2002). Cela peut indiquer que le processus apoptotique peut exposer des épitopes cachés comme cibles pour la production d’autoanticorps. La production d’ACA est médiée par l’antigène leucocytaire humain (HLA)-DRB1 et les allèles HLA-DQB1 (Mayes et Veille, 2004).

Les patients qui sont positifs à l’ACA ont des résultats améliorés et une mortalité plus faible par rapport à ceux qui ont un anti-Scl-70 (Ho et Reveille, 2003). De plus, la séropositivité à l’ACA était un facteur de protection indépendant de la maladie pulmonaire interstitielle, étayé par des études radiologiques et physiologiques (Kane et al., 1996; McNearney et coll., 2007). Les patients séropositifs à l’ACA présentent une ulcération numérique et une perte numérique plus récurrentes et plus sévères que les patients séronégatifs à l’ACA (Wigley et al., 1992).

Les anticorps antihistoniques (AHA) sont un groupe hétérogène d’anticorps dirigés contre différents complexes et composants d’histones. Les anticorps IgM dirigés contre H1 sont liés à des caractéristiques cliniques légères de SSc, tandis que les anticorps IgG dirigés contre les molécules centrales internes de l’histone native, telles que les complexes contenant H2B ou H2B, peuvent être associés à une atteinte sévère de SSc pulmonaire, cardiaque et rénale (Parodi et al., 1995; Hasegawa et coll., 1998).

Différentes études ont étudié la signification clinique des anticorps antinucléaires dans la SSc. Les anticorps dirigés contre les ARN polymérases (anticorps anti-RNAP) I, II et III sont fortement associés au dcSSc (40%). Les anticorps anti-RNAP III confèrent un certain nombre de risques: crise rénale de la sclérodermie (33% sont positifs à l’anti-RNAP III), hypertension systémique, synovite, myosite, contracture articulaire et malignité dans les 5 ans suivant les manifestations cutanées (Mouthon et al., 2011; Nikpour et coll., 2011).

Des anticorps anti-polymyosite / sclérodermie (anti-PM-Scl) sont présents chez jusqu’à 24% des patients atteints du syndrome de polymyosite / chevauchement de la SSc. Ces patients ont tendance à être plus jeunes et présentent une fibrose pulmonaire et une clacinose ainsi qu’une réponse aux stéroïdes (Marguerie et al., 1992). Les patients positifs à l’anti-PM-Scl suivent une évolution bénigne; ils ont un taux de survie cumulé à 10 ans de 91% par rapport à 65% des patients anti-PM-Scl négatifs (Koschik et al., 2012).

La RNase MRP et la RNase P sont de petites particules de ribonucléoprotéines nucléolaires (SNORNP) impliquées dans le traitement de l’ARN ribosomique précurseur (ARNR pré) et de l’ARN de transfert de précurseur (ARNt pré). Ces deux SNORNP contiennent des antigènes Th/To (Van Eenennaam et al., 2002). Des anticorps Anti-Th/To sont développés contre ces antigènes. Ils sont associés au lcSSc et s’excluent mutuellement avec l’ACA (Kuwana et al., 2002). Fait intéressant, les patients anti-Th / To ont une atteinte cutanée, vasculaire et œsophagienne plus douce que les patients lcSSc qui sont positifs à l’ACA. Les anticorps Anti-Th / To sont également associés à un risque accru de développer une HTAP, une fibrose interstitielle pulmonaire, une crise rénale, des doigts gonflés, une atteinte de l’intestin grêle et une hypothyroïdie. La survie est plus faible chez ces patients que chez les patients positifs à l’ACA (Okano et Medsger, 1990; Mitri et al., 2003; Grassegger et coll., 2008).