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William Shakespeare’s Life & Times: Tragedy

Lorsque nous utilisons le mot tragédie pour décrire une pièce shakespearienne, nous nous référons avant tout à sa désignation dans le Premier Folio, qui divisait l’œuvre de Shakespeare en trois genres: tragédie, comédie et histoire. À l’époque de Shakespeare, le terme « tragédie” était le plus étroitement associé à un ensemble de conventions dramatiques établies par les anciens Grecs et le plus célèbre théorisé par Aristote dans sa Poétique. Selon Aristote, une tragédie devrait être centrée sur un protagoniste de naissance noble, tel qu’un prince ou une reine. Bien que né haut, le protagoniste d’une tragédie a ce qu’Aristote appelait hamartia, ou un défaut tragique. Un défaut tragique est un trait de caractère négatif, comme une fierté excessive ou une jalousie, qui amène le protagoniste à suivre un chemin dangereux à la poursuite de quelque chose qu’il n’est pas censé vouloir. Sur ce chemin, le protagoniste commet des erreurs de jugement qui apportent le chaos à sa communauté, entraînant son propre isolement, sa souffrance et sa chute éventuelle. Généralement, dans la tragédie, le protagoniste reconnaît ses erreurs, mais seulement une fois qu’il est trop tard. Les Grecs de l’Antiquité croyaient que la tragédie avait une valeur sociale parce que le public partage étroitement la souffrance du héros et, une fois le drame terminé, vit une libération émotionnelle connue sous le nom de catharsis.

Semblables aux tragédies grecques classiques, les tragédies de Shakespeare mettent presque toujours en scène un héros noble qui commet une erreur, avec des conséquences désastreuses pour le héros et la communauté en général. Le roi Lear, par exemple, raconte l’histoire d’un souverain respecté qui a un désir déraisonnable pour ses filles d’exprimer leur amour inconditionnel pour lui. Incapable de voir à travers les mensonges de ses filles aînées, il commet la terrible erreur de léguer son royaume aux mauvais héritiers. L’erreur de jugement de Lear cause beaucoup de souffrances, et au moment où il se rend compte de son erreur, de nombreuses personnes sont mortes, y compris Cordelia, sa seule fille honnête. Face à sa chute, Lear lui-même meurt de chagrin. Comme Lear, beaucoup d’autres héros tragiques de Shakespeare souffrent de cécité symbolique. L’aveuglement d’Othello face à la malveillance d’un ennemi le conduit à faire plus confiance à l’ennemi qu’à sa propre femme. L’aveuglement de Macbeth à la signification des prophéties des sorcières le convainc qu’il est invincible. Dans les deux cas, l’incapacité des protagonistes à discerner la vérité entraîne une confusion généralisée et de multiples morts – y compris les leurs.

Bien que Shakespeare ait été influencé par les normes de la tragédie grecque, ses tragédies n’adhèrent pas formulaquement aux normes de la tragédie grecque. D’une part, les tragédies de Shakespeare contiennent souvent de nombreux éléments plus typiques de la comédie. Cela confère aux tragédies shakespeariennes comme Hamlet plus de complexité psychologique et de variété émotionnelle que les tragédies grecques traditionnelles. Shakespeare donne également une nouvelle tournure aux thèmes tragiques traditionnels. Considérez le thème du destin. Dans les tragédies conventionnelles, le destin joue souvent un rôle important dans la détermination des actions du héros. Shakespeare utilise certainement le destin comme thème dans ses tragédies, bien que parfois sous des formes inattendues. Chez Macbeth, par exemple, le destin prend une forme surnaturelle dans le trio de sorcières prophétisantes. Shakespeare complique également le thème du destin en mettant davantage l’accent sur l’agitation intérieure des protagonistes que sur le jeu des forces extérieures. Dans Roméo et Juliette, bien que les amants célèbres soient décrits comme « croisés d’étoiles” et donc marqués pour un destin tragique, il reste discutable s’ils ont commis une erreur fatale qui a conduit à leur chute, ou si leurs fins tragiques représentent les sacrifices nécessaires pour que les Montagues et les Capulets en guerre reconnaissent la folie de leur querelle. De telles complications ne permettent pas de savoir si les tragédies de Shakespeare offrent le même genre de catharsis que les tragédies grecques.

Tragédies de Shakespeare : Titus Andronicus, Roméo et Juliette, Jules César, Hamlet, Othello, le Roi Lear, Troilus et Cressida, Macbeth, Antoine et Cléopâtre, Timon d’Athènes, Coriolan, Cymbeline